Petit Noiraud, le seul des trois chatons à être
resté dans le quartier, continuait à profiter de
sa vie de chat libre. Parfois, il disparaissait
quelques jours, revenait un peu éclopé, suite
à une bagarre, mais jamais gravement.
Pourtant, une fois, il fut plus sérieusement blessé
que d'habitude. La propriétaire des poneys le trouva
prostré dans la paille, une grande plaie au côté.
Impossible de l'approcher, si l'on essayait, il
devenait fou furieux. On aurait voulu l'attraper pour le faire soigner, peine perdue.
Cacao fut chargée de lui donner à boire et à manger dans la remise à paille.
Il s'était réfugié en hauteur entre les bottes. Elle lui plaçait la nourriture le plus près
possible, car il se traînait à peine. Il ne mangeait guère, ce qui était mauvais signe.
Chaque fois qu'elle y réussissait, elle pulvérisait sur sa plaie un désinfectant donné par le
vétérinaire. Le chat n'appréciait pas, mais après quelques jours, il comprit sans doute qu'on
voulait l'aider, et bougea moins. Même si le produit manquait souvent sa cible, envoyé de
trop loin, peu à peu la plaie commença à cicatriser légèrement.
Petit Noiraud mangeait de meilleur appétit et semblait plus dynamique.
Ce fut très long avant qu'il ne reprenne des forces.
Presque désespérant. La plaie était encore vilaine, il fallut mettre du produit pendant des
jours et des jours.
Enfin, Petit Noiraud mangea mieux, fit de petites sorties, très courtes, hors de sa tanière.
On reprit espoir et l'on eut raison. Il avait perdu du muscle, s'y reprenait à deux fois pour
sauter sur la charrette. Mais il voulait y arriver. Retrouver ses habitudes et son "restaurant"
favori.
Lentement, il redevint plus agile. On notait ses progrès avec joie. C'était un chat solide.
Il est depuis longtemps tout à fait guéri et continue sa vie semi-sauvage dans le quartier,
à la grande joie de Cacao.