Seigneur, je suis très fatigué Je suis né fatigué. Et j’ai beaucoup marché depuis le chant du coq Et le morne est bien haut qui mène à leur école. Seigneur, je ne veux plus aller à leur école, Faites, je vous en prie, que je n’y aille plus ! Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois Où glissent les esprits que l’aube vient chasser. Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers Que cuisent les flammes de midi, Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers, Je veux me réveiller Lorsque là-bas mugit la sirène des blancs Et que l’Usine Sur l’océan des cannes Comme un bateau ancrée Vomit dans la campagne son équipage nègre... Seigneur, je ne veux plus aller à leur école, Faites, je vous en prie, que je n’y aille plus. Ils racontent qu’il faut qu’un petit nègre y aille Pour qu’il devienne pareil Aux messieurs de la ville Aux messieurs comme il faut. Mais moi je ne veux pas Devenir comme ils disent, Un monsieur de la ville, Un monsieur comme il faut. Je préfère flâner le long des sucreries Où sont les sacs repus Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune. Je préfère, vers l’heure où la lune amoureuse Parle bas à l’oreille des cocotiers penchés, Écouter ce que dit dans la nuit. La voix cassée d’un vieux qui raconte en fumant Les histoires de Zamba et de compère Lapin, Et bien d’autres choses encore Qui ne sont pas dans les livres. Les nègres, vous le savez, n’ont que trop travaillé. Pourquoi faut-il, de plus, apprendre dans des livres Qui nous parlent de choses qui ne sont pas d’ici ? Et puis elle est vraiment trop triste, leur école, Triste comme Ces messieurs de la ville, Ces messieurs comme il faut Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune, Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds, Qui ne savent plus conter les contes aux veillées. Seigneur, je ne veux plus aller à leur école !
Merci Colette. J'ai toujours aimé ce poème, qui ressemble un peu à mon ressenti de la vie. Bonne soirée et bises.
R
Renée
08/05/2018 16:26
je ne peux qu'aimer car c'est un poème qui parle de l'Afrique et de ces enfants au large sourire mais qui n'ont rien ou si peu.................Merci c'est une trps belel découverte. Amicales bises
Merci Renée. Ravie que tu aies aimé. Oui, cela représente bien la vie de ces enfants. Bonnes soirée et bises.
L
LADY MARIANNE
08/05/2018 12:27
quel beau souvenir ancien !! poésie apprise à l'école j' étais gamine-<br />
je ne me souvenais pas de l'auteur-<br />
un excellent choix ! bravo-<br />
merci beaucoup-<br />
gros bisous-
Contente de t'avoir fait relire ce poème. Je l'avais beaucoup aimé moi aussi à l'école, où j'aimais si peu aller, m'y sentant "enfermée", un peu comme ce petit garçon, même si ma vie était loin d'être aussi dure. Gros bisous ma chère Lady. Belle soirée.
M
mireile du sablon
08/05/2018 11:30
...je ne saurais dire si ce petit a raison mais vu avec son regard, je peux le comprendre!<br />
Bises du jour,<br />
Mireille du sablon
Bonsoir Mireille, merci de ta visite. On peut en effet comprendre ce petit, l'école lui semblant si loin de sa vie et de ses préoccupations. Grosses bises et bonne soirée.
P
Petitgris
08/05/2018 11:20
Je découvre avec émotion ce poème . Je le comprends ce petit ... La vie des villes est trop triste ! Bon mardi Cacao Grosses bises
Merci Paulette. Oui, la vie des villes est triste, et les enfants d'une autre culture comme ce petit ont du mal à trouver utile de changer des habitudes ancestrales. Grosses bises et douce soirée.