Pour le défi d'Evy ( N°149 )
BLOG " PLUME DE POETE ET SES DEFIS"
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Thème : Vous souvenez-vous ?
. . . D'un grand moment de votre vie,
mais aussi de ces petits riens . . .
Quand Maurice-Le-Chat était jeune, du vivant de mes parents,
lorsque j'allais passer quelques jours chez eux, je l'emmenais.
Il lui arrivait de disparaître dans la journée, mais en règle générale, on
le retrouvait vite. Furetant parfois dans un coin de la cour. Inspectant du
bric-à-brac sous l'abri en tôles. Ou souvent à la cave. Elle était très
vaste et encombrée, mais ma mère n'avait pas son pareil pour l'y dénicher.
N'y descends pas, lui disions-nous, depuis le temps qu'on l'appelle, il n'y
est pas, c'est sûr. Il serait venu ! Elle s'entêtait, et on la voyait revenir,
assez vite, serrant fièrement le chat dans ses bras.
Et il se laissait faire, lui, le sauvage, qui acceptait si peu de bras...
Une fin d'après-midi, ouvrant la porte de la terrasse, elle poussa un cri.
Maurice venait de déposer à ses pieds un gros pigeon, hélas tout à fait
mort. Elle en fut bien ennuyée, le voisin avait un pigeonnier, et il n'y avait
guère de doute sur la provenance de l'animal.
Elle était en même temps très émue, le chat la regardait avec adoration,
et elle savait que ce cadeau était pour elle.
Les jours suivants, elle surveilla de près Maurice, pour éviter toute
récidive.
Cela lui fut facile, il ne la quittait pas d'une semelle. Ils faisaient la sieste
ensemble l'après-midi, elle disait que ses ronrons la berçaient.
Une fois, pourtant, à son réveil, elle ne le trouva pas blotti contre elle.
On chercha, on appela. Elle inventoria la cave, sans résultat...
Bien qu'il sembla impossible que le chat ait quitté la maison, les portes
étant toutes fermées, elle alla discrètement "zieuter" dans le jardin du
voisin... Rien...
Ce fut mon père qui le trouva. Dans le lit des poupées, qu'il avait fabriqué
lui-même tant d'années auparavant. Le baldaquin parfaitement fermé ne
laissait rien voir, nous affirma-t-il.
Maurice s'était faufilé sans rien déranger. Les deux pans du rideau avaient
repris leur place après son passage.
Papa avait pensé à ce lit, se disant :
"Si j'étais un chat, où aimerais-je faire la sieste ? "
Voyant tout en ordre, il n'avait écarté doucement le rideau que par acquit
de conscience. Il aurait été bien dommage qu'il ne l'ait pas fait, non pour
Maurice, qui aurait fait sa réapparition en fin d'après-midi, mais pour
nous tous.
Un doigt sur la bouche, mon père vint nous chercher. Et l'on contempla
Maurice, d'habitude si vigilant, dormant, en toute confiance, dans le lit des
poupées... Indifférent à tout, au comble du bonheur...
Papa referma doucement le rideau sur ce spectacle, et nous sûmes
tous que cette image, si simple, resterait gravée dans notre esprit.
Parmi les petits moments de douceur dont on aime se souvenir...
Cacao.
(Article précédemment publié en février 2012,
mais correspondant au thème de ce défi d'Evy.)